La Lecture Dans Les Petites écoles - Persée

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La lecture dans les petites écoles

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Martine Sonnet Dix-Huitième Siècle Année 1986 18 pp. 33-43 Fait partie d’un numéro thématique : Littératures françaises

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Sonnet Martine. La lecture dans les petites écoles. In: Dix-huitième Siècle, n°18, 1986. Littératures françaises. pp. 33-43.

DOI : https://doi.org/10.3406/dhs.1986.1582

www.persee.fr/doc/dhs_0070-6760_1986_num_18_1_1582

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LA LECTURE DANS LES PETITES ÉCOLES

« On voit tous les jours, avec douleur, des jeunes gens qui ont été assidus aux petites écoles depuis l'âge de cinq à six ans, jusqu'à celui de douze ou treize, sortir de sous la férule, presque aussi ignorants que lorsqu'ils s'y étaient mis. Donnez-leur à lire une page d'imprimé ; ils écorcheront les mots plutôt qu'ils ne les liront ; ils ne feront aucune attention, ni aux accents, ni à la ponctuation ; de sorte que le discours le plus clair deviendra inintelligible et à eux-mêmes et à ceux qui les écouteront » l.

L'amer constat que le prêtre Hélié dresse en 1784 dans l'avant-propos à ses Nouveaux principes de lecture résonne avec un écho familier deux siècles plus tard ; les polémiques autour de l'appren¬ tissage de la lecture par l'école ont déjà une longue histoire. La critique sévère d'Hélié embrasse les écoles des villes et des campagnes, comme celles de filles et de garçons dont les maîtres et maîtresses lui paraissent tous aussi ignorants des principes de l'art qu'ils prétendent enseigner. La lecture est pourtant par excel¬ lence le savoir fondamental diffusé par la petite école. Apprendre à lire aux enfants, c'est une de ses deux missions essentielles, l'autre étant de leur enseigner la connaissance, l'amour et le ser¬ vice de Dieu. Les deux finalités se rejoignent, la maîtrise de l'écrit visant à conforter la piété par la lecture de prières et autres textes édifiants.

Des trois savoirs élémentaires (lire, écrire, compter), théorique¬ ment propagés par la petite école, le premier seul est assuré effectivement partout et auprès de tous les publics. L'école de charité, paroissiale et congréganiste, commence par apprendre à lire aux enfants ; acquérir des connaissances plus étendues est affaire de temps passé sous la férule, l'écriture et l'arithmétique n'étant abordées que lorsque l'élève sait lire. Les ressources de l'école, en matériel et en personnel, influent aussi sur l'extension du savoir : l'apprentissage scripturaire exige des fournitures (tables, plumes, encre, feuilles avec exemples) et la présence d'un spécialiste, calligraphe et orthopédiste, enseignant le geste et la posture. Certaines institutions charitables, au début du siècle sur¬ tout, renoncent à ces investissements et limitent leur enseigne-

DIX-HUITIÈME SIÈCLE. n° 18 (1986)