Les œuvres Optiques Dans L'art Cinétique

Le mouvement, comme partie intégrante de l’œuvre, est la doctrine de l’art cinétique. Ce courant artistique met en avant l’implication d’un élément extérieur, comme le vent, la lumière, un élément mécanique tel un moteur, ou encore l’action de l’Homme modifiant sa perception. Les œuvres optiques, partie intégrante de l’art cinétique, jouent en effet sur l’esthétique du mouvement généré par l’Homme pour produire une interaction, l’intégrant alors personnellement.

Matteo Rosselli est l’un des pionners peu connu de l’art optique basé sur un principe de cinétique.Il peint durant le XVIIème siècle  deux portraits « Le christ & Marie-Madeleine, san Francesco & sta chiara », œuvre où le spectateur doit se déplacer d’un côté puis de l’autre du tableau pour voir apparaître des visages différents.

Le christ & Marie-Madeleine, san Francesco & sta chiara – Matteo Rosselli

Ce procédé a véritablement connu son apogée bien plus tard, entre les années 1950 et 70, grâce notamment à l’exposition le mouvement (Galerie Denise René – Paris-1955) qui présenta différents artistes travaillant sur cette thématique, dont Vasarely et Agam.

Victor Vasarely est l’un des précurseurs de l’art cinétique moderne. Il réalisa Bi-forme en 1962, œuvre composée de deux plaques gravées avec des formes géométriques, mises face à face. Grâce à un effet de moiré, la perception qu’a le spectateur de l’œuvre  varie selon son déplacement. En effet, les formes ce démultiplient en fonction du point de vue, semblant s’animer et défiler, stimulant ainsi l’œil du spectateur.

Bi-forme – Victor Vasarely

Yacoov Agam poursuivi se travail optique en proposant des œuvres souvent constituées de prismes à trois faces, dont l’une est collée sur le support, et les deux autres peintes, de telle sorte que le spectateur, grâce à son déplacement, génère un mouvement. Parmis elle, yacoov Agam réalisa Double métamorphose III – Contrepoint et enchaînement, (1968–1969) où encore le Salon Agam (1971-1974). Installée dans l’antichambre de l’Elysée. Agam réalisa une œuvre en trois dimensions représentant les moments de la journée grâce à des nuanciers de couleurs. Cet œuvre évolue non seulement en fonction de la lumière environnante, mais aussi en fonction du déplacement du spectateur par rapport à l’œuvre, permettent une variation constante de celle-ci. Cette installation polymorphe s’inscrit dans l’espace, par le mouvement du visiteur, mais aussi dans le temps, car ce dernier n’a jamais la même vision de l’œuvre selon son emplacement.

Salon Agam – Yacoov Agam

Carlos Cruz-Diez travailla sur le même procédé, avec Physichromie n° 506 (1970), dont l’effet visuel est lui aussi créé par le changement de point de vue. Le spectateur voit, de face, des lignes verticales de couleurs, et de côté une multitude de panneaux en plexiglas, serrés les uns contre les autres, et posés sur des aplats de couleur. Le plexiglas captant la lumière, le spectateur apercevra des nuances différentes en effectuant une rotation autour de l’œuvre. Le spectateur se retrouve inscrit dans l’espace, comme élément à part entière de l’œuvre.

Physichromie n° 506 Carlos Cruz-Diez

Les œuvres optiques intégrées dans l’art cinétique permettent au spectateur d’être acteur, de vivre une expérience intégrant des notions de mouvement, de temps et d’espace. A chaque mouvement; à chaque changement de point de vue, une image apparaît tandis qu’une autre disparaît. Ces artistes abordent finalement la notion d’imprévisibilité chère à Agam, qui ira même jusqu’à parler de quatrième dimension. Quelle est alors la place du spectateur dans l’oeuvre? N’est-il pas lui aussi artiste à part entière?

Aurélien Jubault

Sources :

Dossiers pédagogiques – Collections du Musée Un mouvement, une période- Centre Pompidou – http://mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-cinetique/ENS-cinetique.html – consulté le 14/11/2017

http://imago.blog.lemonde.fr/2012/10/01/yacoov-agam-au-dela-de-lillusion/ – consulté le 14/11/2017

https://www.centrepompidou.fr/cpv/resource/cgjrArE/rbqALre – consulté le 14/11/2017

http://www.panoramadelart.com/salon-agam – consulté le 14/11/2017

Images:

http://imago.blog.lemonde.fr/2012/10/01/yacoov-agam-au-dela-de-lillusion/

https://www.centrepompidou.fr/cpv/resource/cgjrArE/rbqALre

http://www.panoramadelart.com/salon-agam

https://www.centrepompidou.fr/cpv/resource/c9gyed/rL59aB

Image à la Une : Double métamorphose III par Yacoov Agam – 1968/1969 http://bobosvoientdouble.com/2013/05/08/dynamo/

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